Lewin Art

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SUR LE SOUFFLE

« Parfois, respirer est tout ce que tu peux faire. Et respirer encore. Quand tu ne peux pas te porter Laisser le souffle te porter. Respire quand tu ne peux pas trouver la confiance. Respire quand l'espoir semble lointain, qu'aucune de tes distractions habituelles ne fonctionne. Respire juste. Tu te donnes ainsi à la vie. Trouvant du réconfort dans le fait de ne pas savoir. Et tu continues, parce que le souffle lui-même continue, et tu ne sais pas comment. Tu arrêtes d'essayer. Ou tu deviens le souffle lui-même. Tu deviens l'air, l'essence des choses. Tu deviens l'immensité de l'espace, les nuages légers de l'après-midi se déplaçant à travers le bleu infini, les oiseaux du soir joyeusement en route vers des destinations inconnues, les planètes tournant mélancoliquement dans la nuit éternelle. Pleurant, riant, ne sachant plus rien. Tu deviens tout ce qui a souffert. Tu deviens tout ce qui s'est brisé, tout ce qui est mort. Tu touches à ce Silence archaïque, né des milliards d'années avant la Terre, solide comme un roc au milieu des bouleversements. Parfois, tout ce que tu peux faire, c'est respirer. Et respirer encore. " Jeff Foster.



DIS TA FOUTUE VÉRITÉ.

« J'ai vu des miracles se produire, quand les gens disent la vérité. Pas la "belle" vérité. Pas la vérité qui cherche à plaire ou à réconforter. Mais la vérité sauvage. La vérité féroce. La vérité qui dérange. La vérité tantrique. La foutue vérité. La vérité que tu as peur de dire. L'horrible vérité sur toi que tu caches pour "protéger" les autres. Pour éviter d'être «trop». Pour éviter d'avoir honte et de te sentir rejeté. Pour éviter d'être vu. La vérité de tes sentiments les plus profonds. La rage que tu as ressassée, dissimulée, maîtrisée. Les terreurs dont tu ne veux pas parler. Les pulsions sexuelles que tu as essayé d'engourdir. Les désirs primaires que tu ne peux supporter de formuler. Les défenses se décomposent enfin, et ce matériel «dangereux» émerge du plus profond de l'inconscient. Tu ne peux plus le retenir. L'image du «bon garçon» ou de la «gentille fille» s'évapore. Celle du «parfait», de «celui qui a tout compris», de l'évolué : ce sont des images qui brûlent. Tu trembles, tu transpires, tu es au bord des vomissements. Tu penses que tu pourrais en mourir, mais finalement tu la dis cette putain de vérité, cette vérité dont tu as profondément honte. Pas une vérité abstraite. Pas une vérité "spirituelle", soigneusement formulée et conçue pour prévenir l'offense. Pas une vérité habilement emballée. Mais une vérité humaine désordonnée, enflammée, bâclée. Une vérité sanglante, passionnée, provocatrice, sensuelle. Une vérité mortelle, indomptée et sans fard. Et fragile, collante, suante, vulnérable. La vérité de ce que tu ressens. La vérité qui permet à l'autre de te voir à l'état brut. La vérité qui fait haleter, qui fait battre ton cœur. C'est la vérité qui te libérera. J'ai vu des dépressions chroniques et des angoisses permanentes s'effacer du jour au lendemain. J'ai vu s'évaporer des traumatismes profondément enracinés. J'ai vu de la fibromyalgie, des migraines à vie, de la fatigue chronique, des maux de dos insupportables, des tensions corporelles, des troubles de l'estomac, disparaître, ne jamais revenir. Bien sûr, les «effets secondaires» de la vérité ne sont pas toujours aussi dramatiques. Et nous n'entrons pas dans notre vérité avec un résultat en tête. Mais pense aux énormes quantités d'énergie nécessaires pour réprimer notre sauvagerie animale, engourdir notre nature farouche, réprimer notre rage, nos larmes et notre terreur, soutenir une fausse image, et faire semblant d'être «bien». Pense à toute la tension dans le corps, et aux dommages causés à notre système immunitaire, quand nous vivons dans la peur de " nous montrer". Prends le risque de dire ta vérité. La vérité dont tu as peur. La vérité dont tu crois que le monde dépend. Trouve une personne sûre - un ami, un thérapeute, un conseiller, toi -même - et laisse-les entrer. Laisse-les te tenir alors que tu te brises. Laisse-les t'aimer alors que tu pleures, rages, trembles de peur, que tu es en plein gâchis. Dis ta putain de vérité à quelqu'un - cela pourrait simplement te sauver la vie, te guérir du plus profond de toi et te connecter à l'humanité d'une manière que tu n'avais jamais imaginée. » Jeff Foster

Nous aimons si peu ou si mal

 " Nous aimons si peu, ou si mal, avec une moitié de nous-mêmes et nous aimons chez l’autre quelques morceaux choisis, les plus connus, ceux qui font le moins peur. C’est si rare d’aimer quelqu’un entièrement, ce qui nous plaît et ce qui ne nous plaît pas, c’est si rare d’être aimé entièrement avec nos creux d’ombre, nos torses de lumière. J’avoue que j’ai vécu, j’avoue que je suis blessé, mais ces blessures sont aussi ma beauté. L’amour, c’est ne plus avoir besoin de se cacher, de dérober à l’autre son plus mauvais profil, pouvoir enfin se montrer nu à quelqu’un qui n’en profitera pas pour affirmer sa puissance. Être nu dans un regard qui respecte notre force et notre fragilité, tout est si précieux, si éphémère ." Tout ce qu’on fait sans amour est du temps perdu, tout ce qu’on fait avec amour est de l’éternité retrouvée.

Jean-Yves Leloup.

Pleures-tu assez souvent ?

Je me souviens du temps où, enfant, je pleurais chaque jour. Je pleurais tout ce qui me faisait peur, mal, me paraissait injuste, insurmontable, triste, inquiétant, terrifiant. En fait, pleurer était mon mode d'expression. En pleurant, seule avec mes chiens, sur mon journal intime ou dans mon lit les mains jointes sur mon coeur et avec mes index sur ma bouche, je libérais toute cette énergie trop intense pour moi qui semblait m'écraser de l'intérieur et de l'extérieur. Je me suis ainsi auto régulée. Et puis je me souviens aussi de ces autres périodes où, jeune adulte, alors que je m'étais forgée une carapace pour naviguer dans ce monde avec mes blessures relationnelles tellement profondes qu'elles me mettaient en déséquilibre et que je pensais devoir les camoufler, de peur que quelqu'un ne les repère et ne vienne les piétiner. Pleurer à cette époque ne m'était pas accessible. Je pleurais très rarement. Je riais beaucoup cependant. J'avais choisi cet autre mode de libération de l'énergie, plus adapté à mon rôle de jeune femme qui prend sa place dans la société avec ses collègues, ses amis. Mais comme je ne me rendais pas compte de ces libérations, comme je n'avais pas la conscience de ce que je libérais, je retrouvais mon équilibre, mais n'avais pas la clarté sur ce que je devais guérir en moi et dans ma vie. Me manquaient les instructions. J'ai recommencé à pleurer - beaucoup - en devenant mère. J'étais très souvent submergée par les émotions. Ma carapace avait été comme mise hors service par mes 3 chérubins. En devenant "mère", j'avais avec moi la figure maternelle originelle, celle de ma mère. Celle, blessante, que je devais reconnaitre, comprendre et guérir enfin. J'ai commencé à aimer ces libérations par les pleurs. J'ai commencé à les assumer. Et j'ai fini par les rechercher, tant je me sentais mieux ensuite. J'ai aussi rapidement observé que pleurer était "mal" dans cette société, et mettait mal à l'aise l'entourage, qui ne "sait" pas comment réagir. Que c'était interprété comme "quelque chose ne va pas chez elle". Et Dieu sait qu'"aller mal" est interdit ! Nous devrions tous et toutes être des automates sans sourire (un peu comme les passants à Paris), ou des androïdes au rire forcé, courant et agissant sans cesse et sans but autre que paraitre "normale" et être acceptée. Je voudrais vous dire que pleurer n'est pas, mais pas du tout, le signe que qch ne va pas, mais au contraire, que vous êtes en vie ! (ce qui, reconnaissons-le, est plutôt pas mal) Ne pas pleurer est au contraire le signe que qch est coincé, figé, sclérosé, et que l'énergie ne circule pas/plus. Je sais, quand j'accompagne une personne, que nous passerons par une étape de pleurs. Pas ces larmes superficielles qui passent vite, et que l'on sèche avec un sourire d'excuses, mais ces longs sanglots qui viennent de très loin, et qui, quand nous les laissons sortir, font défiler notre vie devant nos yeux. Ces libérations-là nous guérissent. Nous permettent de grandir, de nous transformer. De panser nos blessures, aussi profondes et nombreuses soient-elles. Il y a quelques jours, mes enfants ont glissé rapidement dans la conversation durant notre repas qu'il ne seraient pas avec moi pour Noël. Nous avons discuté de leurs projets avec leurs cousins, puis sommes passé à autre chose. Rien n'a semblé m'avoir affectée ce soir-là. Je suis "habituée", depuis 2017, à passer du temps seule lors de ces dernières journées de l'année, cette période familiale. Ce n'est pas facile, mais je m'y suis faite. Le lendemain, vers midi, quand ils sont rentrés déjeuner à la maison, je me suis sentie lourde, sans vie, sans énergie, comme grippée. J'ai du aller m'allonger d'urgence, j'avais envie de dormir, ou plutôt de sombrer, pour partir dans un sommeil profond. Avant cela, j'ai refait ces gestes autrefois apaisants: les mains jointes sur mon coeur et les doigts touchant mes lèvres, et là, un torrent de larmes et de sanglots a jailli. Une peine immense s'est déversée par secousses. J'ai pleuré durant 30 minutes sans m'arrêter. J'ai pleuré la séparation d'avec mes enfants, j'ai pleuré celle d'avec mes propres parents. J'ai pleuré ma peine, mon impuissance, ma solitude. Les pleurs étaient sonores, mon corps se tordait dans tous les sens. Les larmes coulaient, le nez aussi. Je crois que j'ai pleuré toute la peine que je portais en moi depuis le divorce, depuis mon enfance. Depuis des décennies. J'ai pleuré, car c'était la seule chose à faire. J'ai pleuré, parce que je suis en vie. J'ai pleuré parce que si je ne pleure pas ce qui me fait mal, me rend triste, me semble inéluctable, alors je ne respire plus, je n'ai plus d'énergie qui irrigue mon cerveau, mon coeur, tous mes organes. Et je m'étiole, je me meurs. Ce qui est aussi une option. La peine parfois nous donne envie d'en finir. Pourtant, la ressentir et l'exprimer, même violemment, est la clé. La clé qui donne à nouveau envie de vivre, de respirer, de créer. Alors, si vous vous gardez de pleurer, si vous ravalez vos larmes, offrez-vous une séance de pleurs régulièrement. Comme un rituel. Revenez en arrière, repassez les conversations, les nouvelles que vous avez reçues dernièrement. Votre corps réagira immédiatement quand vous aurez trouvé ce qui vous a impactée, touchée. Et laissez-le ex-primer. Laissez-le faire ce qu'il sait le mieux faire. Bouger, évacuer, écluser. Il est là pour recevoir l'énergie et la laisser sortir. Quand vous ne l'obligez pas à jouer à la citerne ... Si vous ne vous sentez pas le courage de plonger en dedans des larmes que vous retenez depuis des années, serrez votre animal contre vous, votre peluche, votre oreiller, ou demandez à une personne de confiance d'être là à vos côtés. Parce que la Vie qui souffle en nous est tellement merveilleuse et illimitée. Dans tous ses aspects.
Annabelle Loubat-Perceval 

ECKHART TOLLE : LE CORPS DE SOUFFRANCE ET L'AGRESSIVITÉ.

Cette souffrance accumulée est un champ d'énergie négative qui habite votre corps et votre mental. Si vous la considérez comme une entité invisible à part entière, vous n'êtes pas loin de la vérité. Il s'agit du corps de souffrance émotionnel. Il a deux modes d'être latent et actif. Un corps de souffrance peut être latent quatre-vingt-dix pour cent du temps. Chez une personne profondément malheureuse, cependant, il peut être actif tout le temps. Certaines personnes vivent presque entièrement dans leur corps de souffrance, tandis que d'autres ne le ressentent que dans certaines situations, par exemple dans les relations intimes ou les situations rappelant une perte ou un abandon survenus dans leur passé, au moment d'une blessure physique ou émotionnelle. N'importe quoi peut servir de déclencheur, surtout ce qui fait écho à un scénario douloureux de votre passé. Lorsque le corps de souffrance est prêt à sortir de son état latent, une simple pensée ou une remarque innocente d'un proche peuvent l'activer. Plusieurs corps de souffrance sont exécrables mais relativement inoffensifs, comme c'est le cas chez un enfant qui ne cesse de se plaindre. D'autres sont des monstres vicieux et destructeurs, de véritables démons. Certains sont physiquement violents, alors que beaucoup d'autres le sont sur le plan émotionnel. Ils peuvent attaquer les membres de leur entourage ou leurs proches, tandis que d'autres préfèrent assaillir leur hôte, c'est-à-dire vous-même. Les pensées et les sentiments que vous entretenez à l'égard de votre vie deviennent alors profondément négatifs et autodestructeurs. C'est ainsi que les maladies et les accidents sont souvent générés. Certains corps de souffrance mènent leur hôte au suicide. Si vous pensiez connaître une personne, ce sera tout un choc pour vous que d'être soudainement confronté pour la première fois à cette créature étrangère et méchante. Il est cependant plus important de surveiller le corps de souffrance chez vous que chez quelqu'un d'autre. Remarquez donc tout signe de morosité, peu importe la forme qu'elle peut prendre. Ceci peut annoncer le réveil du corps de souffrance, celui-ci pouvant se manifester sous forme d'irritation, d'impatience, d'humeur sombre, d'un désir de blesser de colère, de fureur, de dépression, d'un besoin de mélodrame dans vos relations, et ainsi de suite. Saisissez-le au vol dès qu'il sort de son état latent. Le corps de souffrance veut survivre, tout comme n'importe quelle autre entité qui existe, et ne peut y arriver que s'il vous amène à vous identifier inconsciemment à lui. Il peut alors s'imposer, s'emparer de vous, « devenir vous » et vivre par vous. Il a besoin de vous pour se « nourrir ». En fait, il puisera à même toute expérience entrant en résonance avec sa propre énergie, dans tout ce qui crée davantage de douleur sous quelque forme que ce soit : la colère, un penchant destructeur, la haine, la peine, un climat de crise émotionnelle, la violence et même la maladie. Ainsi, lorsqu'il vous aura envahi, le corps de souffrance créera dans votre vie une situation qui reflétera sa propre fréquence énergétique, afin de s'en abreuver. La souffrance ne peut soutenir qu'elle-même. Elle ne peut se nourrir de la joie, qu'elle trouve vraiment indigeste. Lorsque le corps de souffrance s'empare de vous, vous en redemandez. Soit vous êtes la victime, soit le bourreau. Vous voulez infliger de la souffrance ou vous voulez en subir, ou bien les deux. Il n'y a pas grande différence. Vous n'en êtes pas conscient, bien entendu, et vous soutenez avec véhémence que vous ne voulez pas de cette souffrance. Mais si vous regardez attentivement, vous découvrez que votre façon de penser et votre comportement font en sorte d'entretenir la souffrance, la vôtre et celle des autres. Si vous en étiez vraiment conscient, le scénario disparaîtrait de lui-même, car c'est folie pure que de vouloir souffrir davantage et personne ne peut être conscient et fou en même temps.
Eckhart Tolle

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